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l’aricara

dans un piteux état. Il était complètement évanoui, une large blessure heureusement peu profonde existait au flanc droit et se prolongeait jusqu’aux reins ; les cornes du bison avaient glissé sur les côtes et n’avaient pas pénétré à l’intérieur des tissus : cependant le sang coulait avec abondance, et il s’agissait de l’étancher.

Pendant mon séjour avec mon cher Lewis, j’avais eu l’occasion mainte et mainte fois de le voir se servir de plantes pour arrêter les hémorragies. Je jetai les yeux de tous côtés et j’eus le bonheur d’apercevoir quelques pieds d’origan ; je les pris, les mâchai, j’en formai une espèce d’emplâtre que j’appliquai sur la blessure de l’Indien, et je vis avec plaisir qu’après quelques instants l’écoulement du sang s’était arrêté.

Je courus ensuite à la rivière et je remplis une petite gourde que je m’étais faite avec une calebasse. Sensible à la fraîcheur de cette eau, le blessé se ranima, et bientôt, revenant à la vie, il poussa un son inarticulé et rouvrit les yeux.

Ses regards se rencontrèrent avec les miens et son premier mouvement fut de chercher autour de lui une arme pour se défendre ; mais l’effort qu’il fit était au-dessus de ses forces et il retomba sur l’herbe sans connaissance.