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chap. xiv. — les bisons.

ont lieu sur les rives du Missouri, communiquent aux eaux de cette rivière la couleur et le goût des matières dont elles sont imprégnées.

Je longeais la rivière parallèlement à ses rives, quand, à la distance d’environ un kilomètre, j’entendis devant moi dans une plaine dont j’étais séparé par un épais rideau d’arbres, un bruit effrayant et qui s’approchait avec rapidité. La terre tremblait sous des coups violents et précipités.

Je n’eus que le temps de me jeter derrière un gros bloc de rocher.

J’avais à peine gagné cet abri et j’attendais mes armes à la main, l’arrivée de l’ennemi, quand je vis déboucher de tous côtés, écrasant, foulant les buissons, renversant les arbres et brisant tout sur leur passage une troupe de cent quatre-vingts à deux cents bisons.

Ils poussaient de sourds mugissements, faisaient jaillir la terre et les pierres sous leurs pieds, et passant comme un ouragan à peu de distance de moi, ils se dirigeaient vers la rivière. Je voyais cette noire avalanche rouler en quelque sorte jusqu’au fleuve et laisser derrière elle une tranchée qu’il semblait que la faux eût tracée.