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chap. xi. — le canot.

un croisement de branches, je m’endormis.

Lorsque je me réveillai, il faisait jour et j’étais prêt à continuer mon pénible voyage.

Je me trouvais à une assez grande distance pour n’être plus effrayé par la crainte des Pieds-Noirs, mais j’avais une autre inquiétude. J’ignorais le chemin qui pouvait me rapprocher des Européens et je craignais à chaque instant de tomber entre les mains d’une autre tribu peut-être aussi barbare que celle de laquelle je m’étais échappé.

Je mourais de faim et quoique le gibier abondât dans ces parages, je n’avais aucun moyen de me procurer la nourriture dont j’avais besoin ; j’arrachai quelques racines que je mangeai pour soutenir mes forces défaillantes.

Pendant le jour mon corps était exposé à la brûlante chaleur du soleil, et la nuit j’étais transi de froid.

Malgré toutes mes souffrances je mis ma confiance en Dieu et je traversai avec courage d’immenses prairies sans ombre et remplies d’herbes et d’épines qui me déchiraient les jambes et rouvraient les blessures qu’avait faites la course qui m’avait sauvé.

Je me traînai ainsi pendant quatre jours, au