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la course. — délivrance.

aussi grand nombre d’ennemis armés, n’était un acte de lâcheté. Aussi mon parti fut bientôt pris. Je demandai seulement qu’on me permît de reprendre mes mocassins.

On me conduisit dans une immense prairie qui s’étendait jusqu’à la rivière où j’avais été rattrapé par les Indiens, en me laissant un avantage d’environ quatre cents mètres d’avance.

Un cri sauvage m’avertit que les Pieds-Noirs commençaient leur cruelle chasse.

Je partis avec la rapidité d’un oiseau : j’étais étonné de ma légèreté, et je touchais à peine la terre ; mais j’avais près de trois lieues de prairie à traverser avant d’atteindre le bord de la rivière.

Je n’espérais guère y arriver ayant plusieurs centaines d’ennemis acharnés derrière moi.

La plaine était couverte de broussailles et de longues herbes qui me mettaient les jambes en sang ; cependant je fuyais toujours ; à chaque instant je croyais entendre le sifflement d’une flèche.

J’avais déjà traversé la moitié de la prairie sans avoir osé tourner la tête, car je craignais que ce mouvement ne me fit perdre du terrain, lorsqu’il me sembla que le bruit des pas des Indiens était moins fort.