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la course. — délivrance.

Ma fuite n’avait pas tardé à être connue et aussitôt les Pieds-Noirs s’étaient mis à ma poursuite. Mes traces que la terre détrempée révélait parfaitement avaient été promptement reconnues, et j’avais été suivi sans le savoir jusqu’à la rivière où j’étais tombé dans l’embuscade que l’on m’avait tendue.

On me rapporta au village, où mon arrivée fut accueillie par des cris de joie.

Le chef de la tribu s’approcha de moi, me fit dépouiller de tous mes vêtements et commanda de m’attacher au poteau.

« Les visages pâles sont donc des lâches, qu’ils fuient devant la mort, me dit-il, d’un ton méprisant. Ils savent égorger les femmes et les enfants, et le supplice leur fait peur. Ils ont les pieds d’un daim, les griffes d’un loup et le cœur d’une squaw[1]. »

Un guerrier conseilla de me livrer aux femmes et aux enfants qui suffiraient, dit-il, pour ôter la vie à un visage pâle peureux et timide.

Le Jaguar s’avança à son tour. « Le feu doit être la mort d’un brave, dit-il ; le visage pâle qui s’est enfui tremblerait en voyant les flammes, et la

  1. Squaw, femme.