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LE GOLFE SAINT-LAURENT.


Oui, deux siècles ont fui ! La solitude vierge
N’est plus là. Du progrès le flot montant ; submerge
Les vestiges derniers d’un passé qui finit.
Où le désert dormait, grandit la métropole ;
Et le fleuve asservi courbe sa large épaule
Et leSous l’arche aux piliers de granit.[1]

Cinq ans après son voyage au Mississippi, Jolliet était créé seigneur de l’île d’Anticosti. Cette île lui était donnée « en considération de la découverte que le dit sieur Jolliet avait faite du pays des Illinois, dont il avait envoyé la carte, depuis transmise à monseigneur Colbert ainsi que d’un voyage qu’il venait de faire à la baie d’Hudson dans l’intérêt et l’avantage de la ferme du Roy. »

Dès lors, le nouveau suzerain s’occupa du soin d’améliorer les ressources de son fief en faisant la traite avec le nord, et en chassant le loup-marin.

Ses actes ne sont plus signés que Jolliet d’Anticosti : et plus tard, un de ses fils se faisait appeler Jean Jolliet de Mingan. Six ans après avoir pris possession de son île, en 1681, un recensement cité par M. Ferland donne de curieux détails sur la famille du découvreur du Mississippi.

D’abord apparaît Louis Jolliet âgé de 42 ans ; puis vient sa femme Claire Bissot, fille de Normands de Pont-Audemer, âgée de 23 ans ; puis

  1. Ces beaux vers font partie d’une pièce, lue à l’Université Laval lors du deuxième centenaire de la découverte du Mississippi, par l’auteur, M. L. H. Fréchette, ancien député de Lévis aux Communes du Canada.