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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

gloria eorum cum sonitu. » Bientôt, nous ne vîmes plus que de petits flocons de fumée blanchâtre s’élever de la falaise, où toussait le mousquet obstiné du gardien du phare, pendant que, toutes voiles dehors et vapeur à trois quarts de vitesse, nous laissions dans notre sillage le flot où dormaient les matelots de Sir Hovenden Walker, et que nous cinglions rapidement vers la baie des Sept-Îles.

Il ventait grand frais, et comme le baromètre s’était pris à baisser et qu’il présageait du gros temps, le capitaine décida que nous chercherions, pour la nuit, un refuge dans ce havre spacieux. Vers cinq heures de l’après-midi, nous nous engagions donc dans la passe qui s’ouvre entre les îles aux Basques et celles du Carousel et de la Manowin.

Rien de féérique comme le spectacle qui nous attendait au moment où nous allions débouquer le chenal du milieu, qui a une largeur d’un mille et quart. Incliné sous ses huniers et faisant demi-vapeur, le Napoléon III passait comme une flèche, rasant à une encablure à peine des rochers qui avaient de quatre à cinq cents pieds de hauteur, et dont les têtes semblaient avoir été atteintes par la lame d’acier de Roland qui, apprenant la trahison d’Angélique, s’amusait pour tromper sa douleur à fendre des montagnes d’un seul coup d’épée. Large de deux milles et trois quarts à son entrée, la baie des Sept-Iles s’étend à peu près à six milles du nord à l’ouest. Après avoir fait notre dernière abatée, l’ancre mordit sur un fond d’argile ; et doucement à l’abri, au milieu de cet immense cercle qui pourrait contenir à l’aise les plus belles flottes du monde, on se serait cru alors sur un lac tranquille, si le sifflement du vent