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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

donnèrent à cœur joie sur le compte du malheureux amiral, et bientôt ces dénonciations parvinrent jusqu’en Caroline, où elles attisèrent tellement les passions populaires contre lui, que Sir Hovenden Walker fut obligé d’aller chercher un refuge aux Barbades.

Néanmoins, petit à petit ces haines et ces rancunes de l’orgueil anglais blessé, se turent. Le calme se refit dans cette existence brisée. Dès 1720, Sir Hovenden Walker put faire imprimer une justification et un rapport complet sur sa triste expédition, et ce journal fut accueilli avec assez de faveur, si l’on en juge par la rareté de ce bouquin, devenu presqu’introuvable aujourd’hui. Bientôt, l’oubli se fit autour du vieil amiral : et, revenu dans la Caroline, il finit par s’éteindre tranquillement dans sa plantation, en l’année 1725, au milieu des muses qu’il cultivait avec un certain succès, et entouré des éditions de son poète favori, Horace, qui lui avait fourni l’épigraphe de sa défense :

Sois fort dans la détresse et si ta bonne étoile
Fait naître enfin pour toi des vents moins désastreux :
Fait naître enÀ ces protecteurs dangereux
Fait naître enNe livre qu’à demi ta voile.

— Il y a du vrai dans tout cela, et depuis que je suis ici, je me suis toujours douté de quelque chose de semblable, dit une voix étrangère, en s’adressant à Agénor Gravel. Des goëlettes prises par le calme, dans la passe du Nord, y ont déjà repêché des canons. Dame ! ils n’étaient pas neufs la rouille les rongeait ; les huîtres et les coquilles s’étaient attachées au fer et au cuivre, et ils n’étaient plus de grande utilité, si ce n’est pour