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LES ÎLES DANS

collègue, — le général Hill, — se voyait honoré d’un commandement, vécut dans sa retraite à Somersham, près de Saint Ives Huntington. Ses vieux camarades de l’Amirauté, qui avaient servi avec lui ou sous lui, oublieux de sa captivité en France et de ses vingt-huit années de commandement, pour ne plus se souvenir que du naufrage de l’Île-aux-Œufs, refusèrent pendant deux ans de régler ses comptes, sous prétexte que les pièces justificatives s’étaient perdues sur l’Edgar : puis, l’année suivante, sans aucun avis préalable, ils le retranchèrent de la liste des amiraux, et lui ôtèrent sa demi-solde. Enfin, un jour que l’amiral était de passage à Londres, un journal, le Saint James Post, ayant annoncé qu’il avait été arrêté à sa résidence de Newington Stoak, par ordre de la Reine, Walker, qui aurait pu voir ses services acceptés par la république de Venise ou par le czar de Moscou, mais qui était trop loyal pour se mettre dans la position de pouvoir porter un jour les armes contre l’Angleterre, se décida le cœur navré, à quitter son implacable patrie pour se rendre dans la Caroline du Sud, y cultiver une plantation.

Là encore, les sarcasmes et la haine de ses compatriotes poursuivirent le proscrit anglais. À sa grande surprise, après son désastre, l’amiral Walker avait été assailli à Boston par une avalanche de brochures plus violentes les unes que les autres. J’ai dit à sa grande surprise, car Sir Hovenden qui rêvait d’éclipser la gloire de Drake et de Cavendish en s’emparant de Québec, pensait sérieusement être récompensé pour avoir ramené les restes de l’expédition. Dans ces brochures, le gouverneur Dudley, le colonel Nicholson, tous les New-Englanders s’en