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LES ÎLES DANS

1689. Il y avait aussi des catholiques, car parmi les hardes il se trouva des images de la Sainte-Vierge.

« On rapporta des ancres d’une grosseur surprenante, des canons, des boulets, des chaînes de fer, des habits fort étoffés, des couvertures, des selles de chevaux magnifiques, des épées d’argent, des tentes bien doublées, des fusils en abondance, de la vaisselle, des ferrures de toutes sortes, des cloches, des agrès de vaisseaux et une infinité d’autres choses.

« On en vendit pour 5000 livres.

« Tout le monde courait à cet encan : chacun voulait avoir quelque chose des Anglais.

« On y laissa beaucoup plus qu’on en put enlever ; cela était si avant dans l’eau qu’il fut impossible de tirer tout ce qu’on vit.

« On en rapporta deux ans après pour 12, 000 livres, sans compter tout ce qu’on avait ôté d’ailleurs ; c’en fut assez, ajoute naïvement la sœur Saint-Ignace, pour nous faire espérer que nos ennemis ne nous attaqueraient plus et pour affermir notre confiance en Dieu. »

À Québec, l’effet de ce désastre fut immense. La nouvelle y était parvenue dès le 19 octobre 1711. C’était M. de la Valtrie qui, de retour du Labrador, l’avait annoncée le premier ; et nos pères voyant que la colonie venait d’être sauvée d’une perte certaine, ne purent contenir leur joie. Le vocable de la petite église de la basse-ville de Québec, Notre-Dame de la Victoire, fut changé par la ville reconnaissante, en celui de Notre-Dame des Victoires.

« On ne parlait plus que de la merveille opérée en notre faveur, dit une chronique du temps ; les poètes épuisèrent leur verve pour rimer de toutes les façons sur ce naufrage. Les