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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

Nouvelle-Angleterre vivait comme au temps où il n’y avait pas de roi en Israël : chacun se conduisant à sa guise, et faisant du patriotisme et de la grandeur nationale une question secondaire à ses intérêts.

À partir de ce moment les rapports entre ces deux personnages devinrent de plus en plus aigres.

— « Je suis d’avis, et tous les officiers de la marine et du corps de débarquement partagent mon opinion, écrivait de nouveau l’amiral au gouverneur, que votre gouvernement au lieu d’aider et de hâter le départ de la flotte, l’a entravé autant que possible. Comment pourrez-vous vous défendre contre un aussi grand nombre de témoins et contre des faits aussi évidents ? Lorsque le parlement anglais fera une enquête sur votre conduite, et qu’il lui sera démontré le peu d’aide que vous avez donné à la partie navale de cette expédition, il y aura alors un tel cri d’indignation, que la Nouvelle-Angleterre sera forcée de se repentir de son inaction. Quand avec la protection de Dieu je suis arrivé ici, j’espérais que les instructions royales seraient suivies à la lettre ; que les transports et les pataches de cette colonie auraient été armés et approvisionnés de suite ; que mes cadres auraient été complétés, et que chacun ferait preuve de patriotisme en me permettant de reprendre la mer au plus tôt. Le contraire est arrivé. Bien n’est prêt ; mes hommes m’abandonnent, et avec mes seuls déserteurs j’aurais pu équiper vos transports. Jamais toute l’astuce du gouvernement de la Nouvelle-Angleterre fera croire à la Reine et à son conseil, que la colonie n’a pu me donner 400 matelots. Mon séjour sera court ici : avec la bénédiction de Dieu, j’espère mettre