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LES ÎLES DANS

défense formelle de se séparer de la flotte et de courir sus aux voiles ennemies, un soir, près du banc de Terreneuve, le capitaine Buttler du Dunkirk et le capitaine Soanes de l’Edgar, deux officiers qui avaient pour consigne l’importante fonction de répéter les signaux de l’amiral aux vaisseaux de l’escadre, se couvrirent de toiles, et appuyèrent vivement la chasse à un petit navire marchand qui louvoyait sur l’horizon. Alors il fallait sévir. Un conseil de guerre se réunissait. Et de ces deux vieux officiers qui auraient pu être si utiles en montrant l’exemple, l’un, le capitaine de l'Edgar — parce qu’il fut constaté que le secrétaire de l’amiral avait oublié de lui communiquer la consigne — se voyait réprimander sévèrement et retrancher trois mois de solde ; l’autre — celui du Dunkirk — était renvoyé du service.

Malgré ces déboires, le 25 juin, après cinquante-huit jours de mer, l’amiral Walker vint jeter l’ancre devant Boston, où l’attendaient des fêtes brillantes et de lamentables déceptions. En mettant pied à terre, Sir Hovenden sembla devenir le lion de la Nouvelle-Angleterre. L’ouverture des cours de l’université de Cambridge se faisait le 4 juillet, sous sa présidence. Le 5 et le 10 du même mois il assistait au défilé des troupes d’infanterie de marine, passées en revue sur Noodles Island, par le général Hill. Le 24 il se rendait à Roxbury faire l’inspection d’un régiment de miliciens destinés à l’expédition du Canada. Le 19 et le 23 c’était une série de bals et de dîners donnés à bord de l’Humber en l’honneur des chefs indiens du Connecticut, ainsi que des Mohocks, reçus à bord du vaisseau-amiral au bruit du canon, des fanfares et des hourrahs de l’équipage. Ces derniers qui formaient partie des cinq nations furent l’objet