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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

tructions de la reine Anne. Il y a cent soixante-et-deux ans de cela, et comme les historiens se sont contentés d’effleurer le récit d’un des moments d’angoisse les plus terribles de notre passé, je me suis mis en tête de venir ici, pièces en main, vous donner les prémices d’un travail qui méritait d’être fait, et que ma douce paresse aurait désiré ardemment voir mener à bonne fin par un autre. Allons, passez-moi le briquet ; et puisqu’un cigare est le meilleur de tous les préambules, j’allume et je commence.

— Les instructions de la reine Anne étaient précises. Après avoir pris rendez-vous à Spithead, l’amiral et le général devaient, au premier vent favorable, faire voile directement pour Boston. Une fois rendu là, Sir Hovenden Walker détachait de l’escadre une nombre suffisant de vaisseaux peur équiper et envoyer les troupes de New-York, du Jersey et de Pensylvanie qui devaient prendre part à l’expédition du Canada, puis une fois cette mission accomplie, renforcer sa flotte de tous les vaisseaux disponibles et remonter immédiatement le Saint-Laurent, pour se mettre en mesure d’attaquer Québec au plus tôt.

Embossé devant la malheureuse ville, l’amiral anglais avait ordre d’employer toutes les forces suffisantes, tous les moyens connus pour la réduire, pendant que le lieutenant général Nicholson, maintenant en route pour organiser les milices de la colonie anglaise, combinerait un mouvement qui s’exécuterait par terre.

Tout ce qu’il est donné à l’esprit humain de prévoir avait été employé pour assurer le succès de cette campagne, préparée longuement d’avance, et destinée dès l’abord, à être commandée par Sir Thomas Hardy. Les médecins