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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

bour bout, fit son apparition au milieu du groupe. Il était temps de se rembarquer. Nous sortîmes du magasin Leslie, pendant que tout le monde se découvrait sur notre passage ; et une chaude poignée de main nous sépara pour la vie de ces braves gens.

Le Napoléon III était déjà sous vapeur. Comme le temps était splendide et que la besogne avait été promptement expédiée, le capitaine, mis en belle humeur par ces bonnes choses, voulut nous permettre d’aller reconnaître le fameux rocher du Corps-Mort, qu’au mois de septembre 1804, Moore a chanté dans ses plus beaux vers. Nous prîmes donc par la passe de Sandy Hook, et en contournant l’île d’Amherst, nous ne pûmes nous empêcher d’admirer la beauté du paysage qui défilait sous nos yeux ; et de nous demander pourquoi ces ravissants endroits n’étaient pas plus fréquentés par les touristes. Comme place d’eau, si les îles de la Madeleine n’avaient pas à lutter contre l’île du Prince-Edouard, elles seraient sans rivales dans le golfe Saint-Laurent. Les points de vues y sont superbes ; le gibier y abonde, et elles réservent à l’amateur, en quête de poissons, d’inépuisables éditions de la pêche miraculeuse, qu’il peut renouveler à loisir dans les baies et des havres admirablement disposés pour les courses de yacht et le sport maritime.

Pendant que nous causions de toutes ces merveilles ignorées, le Corps-Mort se dessina par le travers de notre hanche de tribord. Vraiment, le langage populaire lui avait bien donné le seul nom qu’il pût porter ; car, vu de cette distance, il ressemblait à s’y méprendre au cadavre