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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

pêche, et s’occupait quelque peu d’agriculture. Comme caboteurs, ils n’ont pas leurs maîtres au monde, et ils peuvent donner des points aux plus habiles chasseurs et aux plus patients pêcheurs. L’un des habitants de l’île, M. Fox, interrogé sur les particularités distinctives du caractère acadien, répondait à la commission parlementaire :

— Le caractère particulier du peuple acadien est de vivre sur mer.

Ces mots, sont à eux seuls une définition.

Dès le petit jour, quand la saison de pêche est venue, vous voyez l’Acadien faire sa prière, mettre gaiement sa barge en mer, gagner les fonds à morne qui se trouvent à trois, quatre et quelque fois à six milles au large. Là, il ne cesse d’agiter sa ligue à l’eau, de la retirer, de la bouetter, et de la reconfier aux profondeurs de la mer, jusqu’à ce que son embarcation soit pleine de poissons. Alors les voiles se hissent. On regagne la grève. Quelques quarts-d’heure suffisent pour trancher la morue que l’on vient de capturer ; puis on remâte la beige, elle glisse de nouveau vers son poste de pêche, et on réussit ainsi à faire quelquefois trois ou quatre voyages par jour. Pendant tout ce temps, un morceau de galette, un biscuit ou une miche de pain — quand il y en a — suffit pour entretenir la vie de ce robuste pêcheur. L’Acadien est l’homme le plus frugal que je connaisse ; il se contente, au milieu de tous ces pénibles travaux, d’une nourriture que dédaigneraient la plupart des mendiants de nos villes.

La pêche de la morue, avec celle du hareng