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LES ÎLES DANS

de l’archipel. Cinquante-deux habitants de la Madeleine s’empressèrent de répondre à la série de questions imprimées que l’on avait fait distribuer à la population. Les uns demeuraient dans l’archipel depuis vingt-cinq, trente-cinq et quarante-cinq ans ; d’autres depuis cinquante, cinquante-trois et soixante ans. Un seul, M. Jean Nelson Arseneau, y était né ; et le doyen des résidents se trouvait être M. Bruno Terriau, qui habitait ce groupe depuis soixante-seize ans. Tous déclaraient qu’ils occupaient des lots comme locataires, en vertu de baux emphytéotiques, et leurs réponses portaient à la connaissance du gouvernement de curieuses révélations.

Ainsi, quelques colons avaient des billets de simple location qui leur donnaient droit d’obtenir un bail du propriétaire, tandis que d’autres avaient un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans. Ceux qui étaient porteurs d’un bail de cinquante-deux ans, pouvaient le faire durer ; et les détenteurs d’un bail de dix ans étaient en droit d’exiger un bail perpétuel du propriétaire. Ce dernier mode semble ne plaire que médiocrement aux agents de l’amiral Coffin. Chacun s’accorde à dire qu’il tend à disparaître peu à peu : car chaque fois que l’occasion s’en présente, ces employés échangent contre d’autres les Baux de dix ans.

Généralement, ces contrats de louage renferment des clauses qui permettent au seigneur de l’archipel de reprendre ses terres, de jouir de leur amélioration, et de s’emparer sans remboursement, des bâtiments et de la maison du locataire, si par malheur ce dernier n’a pu exécuter les clauses de son bail. C’est ainsi que deux