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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

peu. Faisant voile vers ces îles, il y débarqua ses pêcheurs basques et normands, et pendant deux ans y dirigea, en compagnie de son intendant M. Brevedent, l’exploitation de la pêche ; mais le succès ne répondant pas à ses efforts, la colonie se dispersa.

Que devinrent ces immenses possessions entre les mains de ses héritiers ? L’histoire ne le dit pas. Ce que l’on sait, c’est que le 18 août 1717, le sieur Duchesnay, tout en demandant au Roy le titre de grand-maître des eaux et forêts, priait Sa Majesté de lui accorder la concession de ces îles, et qu’en 1719, le comte de Saint-Pierre, premier écuyer de la duchesse d’Orléans, formait une compagnie pour exploiter les îles de Saint-Jean, de Miscou et de la Madeleine. « C’était, dit Garneau, à l’époque du fameux système de Law, et il était plus facile de trouver les fonds que de leur conserver la valeur factice que l’engouement des spéculateurs y avait momentanément attachée. Malheureusement, l’intérêt qui avait réuni les associés de la compagnie Saint-Pierre, les divisa ; tous les intéressés voulurent avoir part à la régie, et peu d’entre eux avaient l’expérience de ces entreprises. On ne doit pas en conséquence être surpris si tout échoua. L’île tomba dans l’oubli, d’où on l’avait momentanément tirée, jusque vers 1749, époque où les Acadiens fuyant le joug anglais, commencèrent à s’y établir. »

Pendant quelques années, ces malheureux proscrits y vécurent sans être molestés : mais un jour, le hasard voulut qu’une frégate anglaise vînt reconnaître l’archipel de la Madeleine. Elle portait à son bord le nouveau gouverneur du Canada, lord Dorchester, et était commandée