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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

profonde que celle de la nuit, et la tempête qui éclata, fit trembler l’édifice de la base au sommet. Au milieu du plâtre qui tombait, des cheminées, des vitres réduites en atomes, des chaises, des tables renversées, nous crûmes que notre dernière heure était arrivée. Toutefois, la tourmente s’en alla aussi rapidement qu’elle était venue. Le calme se rétablit, et le soleil reparut dans tout son éclat : mais quel désastre ! La fumée du plâtre qui tombait nous avait fait croire que la maison était en feu ; voyant qu’il n’en était rien, je sortis le mieux que je pus. Au moment où la trombe avait fait son apparition, deux de mes hommes se trouvaient à un quart de mille de la maison. En voyant le tourbillon s’avancer, et comprenant qu’ils ne pourraient pas arriver à temps, ils se jetèrent à terre, se cramponnèrent aux buissons, et échappèrent à la destruction. Il n’en fut pas ainsi du pauvre homme qui n’avait pas semblé entendre mes cris d’avertissement : après une demi-heure de recherches, nous le trouvâmes mort sur le pas de la porte. Il a dû être tué dans le champ, et emporté par la trombe à l’endroit où nous le retrouvâmes, distance d’environ 300 pieds. Je constatai que cinq bâtiments avaient été détruits avec leur contenu ; il n’en restait pas une parcelle. La cabane de la chaloupe, le dépôt aux provisions et le logement sont encore debout, mais terriblement endommagés. Le logement est une véritable ruine : le toit est défoncé en plusieurs endroits, les cheminées renversées, les fondations écroulées, les fenêtres brisées, et à l’intérieur tout le plâtre est tombé. Ce qui a été détruit, consiste en une maison de refuge, la grange, l’étable, et deux autres bâtiments situés sur le sommet de la colline, à 600