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LES ÎLES DANS

L’habitation du gardien se trouve située à deux cents pieds de la lumière. C’est une maisonnette petite, puante et mal tenue : mais l’impression qu’elle m’avait laissée lors de mon premier voyage s’est effacée depuis. En 1875, elle avait changé de main : et sous la direction de M. Whelan, elle était devenue beaucoup plus confortable. En y entrant, on nous montre un puits creusé dans le roc : il contient 3,000 gallons d’eau de pluie, la seule qu’on puisse se procurer sur l’île. Cette fontaine improvisée, ne demande pas mieux que d’être remplacée par une bonne machine à distiller l’eau de mer. Une passerelle court de l’habitation à la lumière ; elle sert de lien de communication avec la tour, et les jours de vent, ses solides garde-fous en fer empêchent le gardien et ses aides, d’être emportés par les terribles rafales qui balayent alors tout ce qui ne se trouve pas cloué à ce rocher, où pousse à peine une herbe languissante et étiolée. À quelques pas du corps de logis s’élève une croix, plantée entre de gros morceaux de tuf : elle est protégée par une balustrade en bois, déjà branlante et toute disjointe. En attendant que cet endroit devienne un cimetière, c’est le lieu où, quand le temps est propice, on vient s’agenouiller pour faire la prière du soir, et admirer les plus beaux couchers du soleil au monde. Un peu plus loin, se dresse la poudrière, et l’abri où se cache le canon chargé d’annoncer d’heure en heure l’approche du récif, aux navires surpris par la neige ou par la brume.

Un petit tramway en bois, court du dépôt de provisions à la maison de la tour ; et du côté nord-ouest de l’île, trois ouvriers intelligents