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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

Parmi les notes et les informations que nous recueillîmes sur Brion, nous apprîmes que sa population se composait d’une cinquantaine de personnes, réparties dans les cinq maisons de l’île. Elle est écossaise, à l’exception d’un Français qui habite seul, à l’autre extrémité de Brion. La pêche, l’amour du travail et une grande connaissance de l’agriculture mettent ces insulaires à l’abri du besoin. Chacun jouit ici, d’une modeste aisance et de la plus complète liberté. Ces braves gens ont résolu le problème difficile de vivre sans l’entremise du code municipal ; et ce n’est pas vers leur île que doivent se diriger les avocats, en quête d’un cours d’eau en litige ou d’un procès de bornage. Néanmoins, l’isolement les a rendus défiants envers les étrangers : et l’un d’eux me demandait, si un piège ne se cachait pas sous la série de questions imprimées, que lui avait officiellement adressées le comité chargé par l’Assemblée Législative de la province de Québec, de s’enquérir de la tenure des terres dans l’archipel de la Madeleine. J’eus beau lui donner les meilleures raisons du monde pour l’engager à y répondre, je ne pus le convaincre : et je ne crois pas qu’un seul habitant de Brion ait pris la peine de se déranger, pour venir en aide à la commission d’enquête.

Leur île a un peu plus de quatre milles de longueur, sur une largeur de un mille et quart : ses plus hautes falaises ne dépassent pas deux cent dix pieds de hauteur. Les flancs de Brion sont parsemés de cavernes et de trous : ils indiquent l’action incessante de la mer sur cette terre poreuse, où l’eau fraîche est rare.

Les savants sont d’opinion que le groupe de