Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
LE GOLFE SAINT-LAURENT.

tait que dans le cerveau blessé de cet homme, lequel lui recommandait sans cesse d’avoir confiance en Dieu. Il jugea que si la confiance en Dieu pouvait par miracle faire trouver une mine, il n’était pas nécessaire d’aller jusqu’à l’Anticosti, et il revint sur ses pas. »

Pendant l’été, l’île d’Anticosti est parcourue par des bandes nomades de pêcheurs qui exploitent le saumon, la morue, le maquereau, le homard et le hareng. Au printemps, les chasseurs de loups-marins arrivent à leur tour ; et avec ces poissons et cet amphibie, la chaux, la tourbe, la pierre de taille et les collections de fossiles, demeurent, à tout prendre, les seules et véritables richesses de l’île.

L’hiver, la population sédentaire ne dépasse guère soixante-quinze personnes. Pareil nombre compte peu aux yeux de la statistique ; mais n’oublions pas que l’île d’Anticosti réserve pour le jour du jugement dernier la terrible quote-part qu’elle doit au recensement des humains. Alors, de ses rives désertes se lèveront officiers, soldats et matelots, portion considérable de l’immense foule des fils de ces pauvres gens, qui

Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus.


Séparateur