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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

rencontrent de nombreuses couches concentriques, semblables à celles d’un arbre exogène.

À l’est de la rivière au Saumon, sir William Logan assure qu’il se présente un escarpement de soixante pieds de hauteur, dans lequel des troncs abattus de ce fossile avancent en dehors de la falaise. Leurs extrémités circulaires et l’orifice qu’ils ont au milieu, donnent à cette côte l’aspect d’une citadelle hérissée de gueules de canons, et les voyageurs frappés de cette ressemblance n’ont pas cru mieux faire, qu’en donnant à cet endroit le nom de Pointe-à-la-Batterie.

Que de raretés scientifiques doivent se trouver cachées ainsi sous ces bancs de calcaire, et attendent là, depuis des milliers d’années, les études et les recherches de la curiosité et de la patience humaines ! Petit à petit, sans se hâter, elles révèlent leurs mystères chaque jour ; et dernièrement encore un pêcheur, en voulant entrer dans une des criques qui bordent ce paradis de géologie, trouvait, à son grand étonnement, une énorme baleine entièrement pétrifiée et dans un parfait état de conservation.

Tout en collectionnant ainsi un peu partout et un peu de tout, notre promenade nous conduisit jusqu’à la tour, et là nous fîmes connaissance avec son gardien, M. E. Pope, qui nous fit l’accueil des gens de sa race, et nous offrit cette hospitalité écossaise que les sceptiques prétendent reléguée à tout jamais, au fond du libretto de la Dame Blanche. Sa famille se trouvait réunie dans la vaste cuisine du phare, dont le parquet était en pierre. Une épave de bois flotté flambait dans l’âtre ; et çà et là des trophées de chasse, des ailes d’aiglons, des têtes d’ours, des carabines et des engins de pêche