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LES ÎLES DANS

Une journée charmante s’était écoulée en études, en récits et en pérégrinations. M. Malouin voulut nous offrir à souper. On avait tué le veau gras en l’honneur du retour inespéré de son fils, et cette excellente réception devait terminer notre relâche comme elle avait commencé. Pour cette fois, c’était à mon tour d’être agréablement surpris.

Nous étions au salon. D’une main distraite je feuilletais un album de photographie, pieux legs laissé à la famille du gardien par une de ses filles devenue religieuse. Tout-à-coup mes yeux tombèrent sur le portrait de ma sœur aînée Augusta qui avait été l’amie de mademoiselle Malouin. Aussitôt cette joyeuse trouvaille me ramena aux joies de la famille absente. Mon œil se mouilla au souvenir de ceux qui m’aiment, et tout rêveur je restais là, en contemplation devant cette douce vision qui hélas ! ne devait faire que passer sur terre. Quel est donc le poète qui a dit :

Les chemins d’ici-bas vont tous au cimetière ?

À quelque temps de là, ma sainte sœur, ma douce Augusta nous quittait, le sourire de l’espérance et de la résignation sur les lèvres.

Ainsi doit s’engloutir notre frêle existence.
……………………………………………………
Et de nos souvenirs rien ne sera resté
D’autres enfants chéris………………
Fouleront sous leurs pieds nos tertres funéraires
Et ne penseront pas que nous avons été.