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histoire de tous les jours.


VII.


À peine le fossoyeur avait-il nivelé de sa pelle la tombe de Noémie, qu’une affaire urgente me fit partir pour l’étranger.

Cette absence dura toute l’année.

Dès mon retour, je repris l’excellente habitude que j’avais contractée jadis en compagnie de Paul, d’allumer la pipe quelquefois chez mon ancien professeur de grec, devenu curé d’un de nos centres les plus populeux.

Une de mes premières questions fut de lui demander ce qu’était devenu mon camarade.

— Ah ! mon cher, répondit-il, quelle émouvante histoire que celle de ce cœur si éprouvé et resté si chrétien malgré cela !

Paul n’avait pas achevé de vider sa coupe lors de la mort de Noémie. Il lui restait la lie ; car, retourné au département pour y reprendre son poste, l’honorable M. Bour, content de poser en homme à principes rigides devant un public qui se plaignait depuis longtemps du trop de liberté accordée aux employés, lui fit comprendre qu’un congé pris sans permission de l’autorité n’avait aucune raison de ne pas être illimité.