Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.

340
les blessures de la vie.

Le médecin était debout au pied du lit, se frottant les mains d’un air satisfait ; il venait de découvrir chez Noémie un superbe cas de fièvre typhoïde, un de ces cas qui donnent du fil à retordre à la science. L’état de somnolence alterné de délire, qui avait déjà envahi le système, devait se prolonger jusqu’à la huitième ou neuvième journée ; alors aurait lieu probablement une crise favorable.

Ces nouvelles étaient on ne peut plus tristes ; depuis bientôt quarante-huit heures que durait le supplice de Paul, il ne savait où donner la tête, et maintenant il lui restait la perspective d’une semaine encore de cette vie dont chaque minute était marquée par un gémissement plaintif de sa Noémie, chaque heure par la marche aggravante du terrible et mystérieux virus.

Mademoiselle Jeanne se partagea le jour, et Paul la nuit, pendant cette semaine de douleur, où il fallait non seulement faire le service du bureau mais encore gagner l’argent qui fournissait le vin, la glace, les remèdes si nécessaires pour sauver la précieuse existence en péril. Dans ce partage de tribulations et de fatigues, la sainte fille avait choisi les soins délicats, les petites prévenances, les mille soulagements qu’une main de femme peut seule distribuer ; Paul les préparations de remèdes et les courses du dehors, larmes sous lesquelles se cachaient de nouvelles larmes ; car un matin, ayant besoin d’un peu d’eau pour préparer une potion, il était descendu en quérir chez son propriétaire. Deux commères