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les blessures de la vie.

— Le pays ne traversera la crise où il est qu’en se retournant vers le passé. Là, dans la pénombre, il entreverra, sous la garde de Dieu, cette nationalité que nos pères ont conservée, à force d’esprit de sacrifice, de foi naïve et de simplicité de mœurs. Cette vue seule saura le retremper, relever son énergie et lui permettre de parcourir sans trébucher le sentier de l’avenir.

L’Étoile Libérale répondait :

— Le passé a vieilli : se baisser et le ramasser, c’est mettre la main sur un meuble vermoulu qui croulerait sous la moindre pression, mêlant sa poussière à la poussière qui le couvrait.

Le progrès, la vapeur, le coton, la mélasse, voilà les leviers qui poussent à la force, à la richesse, à l’avenir. Ils ont avantageusement remplacé ces mots creux et surannés que notre confrère du Drapeau de l’Union laisse échapper dans son dernier article. Nous l’engageons donc à laisser cette rhétorique de convention dans la pénombre, et plus tard, il saura nous remercier de ce conseil, le jour où, riche et indépendant, il lui sera donné de ne plus vendre son beau talent au parti dont il porte le Drapeau.

La nécessité, en faisant de Paul un journaliste, lui avait inculqué cette dignité de sentiments, qui malheureusement fait défaut à un si grand nombre de nos folliculaires.

Discuter pour lui, c’était lutter contre un adversaire, avec les armes de l’ancienne chevalerie, la loyauté et la courtoisie.