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les blessures de la vie.


IV.


— De retour à la ville, je me mis immédiatement en campagne pour trouver une place où Paul pût au moins attendre, sans trop de traverses, la générosité de M. Bour.

M. Martineau, propriétaire du Drapeau de l’Union, journal politique, littéraire, agricole, industriel et d’annonces, cherchait alors un assistant-rédacteur.

Je courus lui présenter Paul qui fût immédiatement installé aux appointements de soixante-quinze louis pour l’année. C’était nager en plein Pactole, bien que le flot fût rude à couper, quelquefois.

Personne n’a l’idée du métier que fait l’assistant-rédacteur d’un journal.

Obligé de démolir chaque matin la montagne d’échanges que le courrier empile auprès de son pupitre, il y bêche patiemment, à coups mesurés de ses longs ciseaux, coupant un fait divers par ci, tailladant une variété par là.

Puis ce travail est remplacé par la correction des épreuves et les ciseaux de retraiter devant la plume patiente et attentive qui se promène à droite, à gauche, retouchant, ajoutant, amputant, jusqu’au moment où le temps vient de s’occuper uniquement des annonces du jour.

Que de tact, de délicatesse il faut alors pour arriver à piquer ce nerf caché — la vanité bourgeoise — qui