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les blessures de la vie.

brusquerie qu’il croyait être de la plus haute importance, pour mener à bonne fin la grave mission que lui avaient confiée ses supérieurs : — apprivoiser nos intelligences rebelles aux charmes cachés du thème grec.

Personne ne se laissait prendre à cette pastiche de férocité, et quiconque savait murmurer un tant soit peu de leçon et déblayer sans trop de gâchis un tronçon de l’Iliade, arrivait infailliblement à ses bonnes grâces.

— Nous allons voir si ce grand flandrin de Paul va continuer longtemps son jeu de marmotte. Pas plus tard que midi, je prendrai des mesures pour que le directeur soit informé de son incroyable paresse.

La fin de ce monologue se perdit au milieu du bourdonnement confus de la classe qui, livres ouverts, étudiait avec un acharnement digne d’une meilleure cause, l’inconnu que semblaient vouloir garder avec non moins de ténacité, les échantillons de la collection Hachette, étalés à profusion sur de malheureuses tables toutes lacérées par de vigoureux coups de canifs.

Bientôt la leçon commença.

À l’appel de son nom, l’élève désigné se levait à regret, au-dessous d’une immense carte de la Mésopotamie, unique ornement de nos quatre murs jaunes, pour nasiller intrépidement sa part de tâche quotidienne, et un quart d’heure de cet attrayant passe-temps faisait oublier à tout le monde l’orage amoncelé sur la tête de Paul.