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les blessures de la vie.

— Une histoire, bravo, Henri ! cria Edmond, qui avait surpris ces dernières paroles ; et la joyeuse troupe, à ce mot de ralliement, vint se grouper tumultueusement au fond du petit salon.

— Oui, mes amis, repris-je, flatté de cette marque d’attention, un récit bien simple, bien naïf, une histoire de tous les jours.


I.


Au moment où je terminais mon grec, en 1859, j’avais pour compagnon de classe, au Séminaire de Québec, un grand garçon, maigre, toujours triste et rachitique, du nom de Paul Arnaud.

La nature ne paraissait pas lui avoir incrusté l’aptitude au travail.

Ses compositions boitaient toujours quelque peu ; malgré un certain cachet d’élégance, son thème explorait sans cesse des horizons inconnus, même à la latinité de la décadence ; l’imagination se révélait beaucoup plus que l’exactitude dans ses versions, et sa leçon trop souvent inédite, invariablement veuve d’aplomb, lui attirait sans cesse ce fameux bulletin annuel, qui doit encore tinter dans l’oreille de plus d’un de mes anciens camarades :

— Mémoire ingrate et peu cultivée.