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à la brunante

Sa mère dit : « Mon cher enfant !
Ta partance m’est bien sensible.
Reviens pour le sûr dans un an. »

S’il fait beau, l’on vit à son aise,
Hélas ! ça n’est pour longtemps !
Quand vous jasez, sis sur vos chaises,
Nos vaisseaux sont sur les brisants,
Sans avoir heure de repos,
Voilà la vie des matelots.

Sa mère dit : « Mon cher enfant !
Ta partance m’est bien sensible.
Reviens pour le sûr dans un an. »

L’été se passe, et les amis
Ne fument pas tous à la Toussaint.
Las ! un grand nombre sont péris
Sans qu’on pût leur tendre la main.
Nous nous disons : « À chaque instant
Il peut nous en venir autant ! »

Sa mère dit ; « Mon cher enfant !
Ta partance m’est bien sensible.
Reviens pour le sûr dans un an. »

Pas drôle, sa chanson ! sans s’en douter, l’excellent capitaine Létourneau venait d’ajouter à notre « Chansonnier populaire » l’une de ses plus navrantes mélopées.

Que dites-vous de ce triste refrain de la mère qui, à chacune des poignantes paroles de son fils, répond des larmes plein les yeux ?

Reviens pour le sûr dans un an !