Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.

249
à la veillée.

Dans un coin, il y avait une armoire bleue où se mettait la vaisselle ; tout auprès, deux larges coffres pour la literie ; puis, rangées çà et là autour de l’immense poêle en fonte, des chaises de bois, quelques berceuses, et à chaque angle, un lit où, à certaines heures, s’éparpillait la petite famille.

Un fusil à canon long, qui devait dater du temps des Français, sommeillait paisiblement suspendu à l’une des poutres enfumées du plafond, au milieu d’étoiles de mer et autres curiosités marines, que le filet de maître Jérôme avait forcées à déserter le fond de la mer.

Il devait faire chaud dans cette chambre l’hiver, et, Dieu merci, ce n’était pas le bois qui manquait ; le long de la grève, le fleuve rejetait, chaque mois, assez d’épaves pour chauffer tous les pauvres de Québec.

En humant l’air frais qui entrait par la fenêtre, on voyait aux alentours de la maison une berge, des filets suspendus à leurs pieux, des croûtes d’épinette et des fragments de bâtiments naufragés attendant, pilés en pyramides, le bon plaisir de la cuisine d’Hélène ; des cochons grognant et des poules picorant autour des restes d’une poursil que l’on venait de dégraisser, et plus loin, clouée sur un des pans de la petite grange où ruminait Caillette, une peau de loup-marin qui séchait au soleil.

Tout ce tohu-bohu était là pour affirmer, une fois de plus, la vanité des innombrables occupations