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à la brunante

— Comment ? trois billots ! fit d’un air surpris M. Nicol, à qui l’on avait vanté Jérôme comme un rude travailleur.

— Je vous présente mes humbles excuses ; car il va me falloir vous contredire, excellent monsieur.

Ce sont trois petites fêtes que je célèbre avec cette ponctualité que vous aimez tant : l’une à la Noël, l’autre aux Rois, la troisième vers la première quinzaine d’août. Je ne suis pas exigeant, quant à la date, mais vous m’obligerez infiniment, monsieur, en ne les confondant pas avec vos billots.

— Je ne défends pas que l’on prenne un coup, deux, trois même, reprit M. Nicol ; cela n’empêche pas le travail. Un homme sait ce qu’il peut porter.

— Certainement, indulgent monsieur, je me range respectueusement à votre avis, avec une légère différence, néanmoins. Lorsque j’en prends une, je reste à la maison. Le travail me donne sur les nerfs alors, et j’éprouve le besoin de le perdre de vue pendant quelques jours ; car voyez-vous, j’étais né pour être comme vous un véritable monsieur. D’ailleurs, soyez tranquille ; elle n’est pas grosse, fit-il en frappant avec conviction sur le ventre de sa cruche ; j’espère revenir demain si je rencontre quelques amis. Autrement, je crains d’être privé pour deux jours de votre aimable compagnie.

Vous serez des nôtres, monsieur Henri : vous n’êtes pas fier, vous, pour les pauvres gens ; on fumera, on dira des contes et l’on chantera ; vous aussi,