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dodo ! l’enfant !

je ne puis résister au plaisir de vous raconter ce qui arriva alors.

Le jour de la Saint-Jean-Baptiste, il faisait un soleil à ravir ; les trottoirs étaient balayés, les rues pavoisées et bordées de verts et odorants érables, partout les magasins étaient fermés ; le plaisir régnait en maître, et sur chaque figure montait la fierté du vieux sang gaulois.

Seule notre famille était muette aux bruits joyeux qui partout bourdonnaient sur les ailes de l’été.

La veille, Charles s’était fait expliquer les splendeurs qui devaient défiler pendant cette journée du lendemain, et quand, vers dix heures du matin, les fanfares de la musique commencèrent à monter par les fenêtres entr’ouvertes, et finirent par remplir toute la maison, n’y pouvant plus tenir, il courut dans ma chambre me demander :

— Henri, veux-tu venir avec moi au bout de la rue Sainte-Ursule, nous verrons passer la procession.

Je répondis :

— Je le veux bien.

Et nous descendîmes la petite côte qui se perd dans la rue Saint-Jean.


Pauvre Charles ! je sens encore dans le creux de la mienne, le contact de sa petite main recouverte d’un gant en fil blanc. Je le revois avec son pantalon bouffant, son gilet en velours noir, et ce léger chapeau de paille qui avait toutes les peines du