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madeleine bouvart.

— Mais, Dieu me pardonne, vous devenez vantard et coquet, général. Quel était l’heureux régiment qui recélait un pareil capitaine, don Juan ?

— Le 43ème, mademoiselle. Ah ! c’était un fier régiment, qui n’eut qu’un tort à mes yeux, celui de ne pas s’être rangé sous le drapeau du congrès.

— Mais, mon général, reprit l’intrépide érudit, il me semble que cela aurait été difficile en 1759 ; le congrès dormait alors paisiblement dans le néant, tandis que son père Washington était encore tout engourdi des suites de la capitulation du Fort Nécessité.

— Vous me tenez le langage d’un loyaliste, major, et si vous continuez, cela pourrait finir par une bonne dose d’arrêts de rigueur. Rien de tel pour changer le cours des idées. Quant à vous autres, messieurs, puisque le bal va bientôt s’ouvrir, n’oubliez pas les instructions que le Congrès nous a données. Respectez les croyances religieuses du pays, payez libéralement tous les vivres et les objets qui vous seront indispensables, punissez avec rigueur les soldats qui commettront quelques désordres, poursuivez et harcelez les troupes anglaises ; mais évitez de vexer le peuple et de rien faire qui puisse le rendre hostile à la cause Américaine.

— Vous êtes bon, général, interrompit Madeleine, et je voudrais que tout Canadien-Français vous entendît prononcer ces paroles de conciliation.

— Mademoiselle, j’accepte vos compliments, bien que je ne les mérite pas, car je ne connais qu’une