Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

201
madeleine bouvart.

— Ah ! tout de même, il devait avoir de fières jambes, notre Anglais, observa le gros Dionne ; car on nous assure qu’il faut aller dru pour ne pas tomber entre les longues pattes de ces Congréganistes. [1]

— Nous verrons bien si la chance le suivra toujours, notre gouverneur ; dans huit mois tout sera fini, si l’on en croit l’ordonnance qui nous prescrit de faire des provisions pour ce temps de vacances. Dans huit mois nous saurons donc qui aura gagné.

— Oui, je l’espère, monsieur Landry ; quant à moi, je suis en règle de ce côté. Je les mangerai tranquillement, mes vivres ; car je crois qu’il vaut mieux ne pas se mêler de ces quatre sous là, et laisser ces gens se débrouiller entre eux. Que les Anglais se grugent entre Anglais, c’est leur affaire ; et depuis que j’ai laissé ma jambe au moulin Dumont [2], si d’un côté je ne souffre plus qu’on me marche sur le pied, de l’autre, je n’écrase plus les orteils de personne.

  1. La verve gauloise des Canadiens-Français avait donné ce nom aux partisans du Congrès.
  2. Le moulin Dumont se trouvait situé près de la propriété de M. Chouinard, sur le chemin Ste Foye, sur le petit ruisseau qui coule à gauche du monument des braves.

    Il fut pris et repris pendant la dernière bataille des Plaines d’Abraham et cinq compagnies de grenadiers commandées par le capitaine d’Aiguebelles y périrent presqu’entièrement. Il ne serait peut-être pas mal à propos de rappeler ici ce que Garneau dit à propos de cette dernière victoire française près de Québec :

    — « Les Français n’avaient que les trois petites pièces de canon qui avaient pu passer le marais de la Suède, à opposer aux 22 bouches de l’ennemi. »