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à la brunante.

hareng-saur lorsqu’il change de propriétaire, et j’étais perdu au milieu des émotions de la vente lorsque je sentis une rude main s’appuyer sur mon épaule.

C’était maître Jacques que j’avais connu à Natasqouan.

En vrai marin qu’il était, il me donna une poignée de main à me broyer les os ; puis, faisant un signe tout particulier qui consistait à lever le coude et à cligner de l’œil, il me dit en sourdine :

— Je suis content de vous rencontrer, descendons ensemble à la goëlette qui est amarrée là, au bout du quai : nous prendrons une larme, et vous me donnerez un renseignement.

Quand nous fûmes arrivés, il me demanda gravement sans aucun préambule mon billet de journaliste.

Le surlendemain, on devait exécuter un malheureux meurtrier, et il tenait à causer avec lui avant l’heure fatale.

J’essayai de le dissuader de son projet ; mais il se prit alors à me raconter l’histoire du trésor de l’anglais ; puis, tirant de son coffre un petit livre tout crasseux, il tourna rapidement quelques feuillets jaunis et me lut ce qu’Albert le Grand dit de la main de gloire :

— « On prend la main coupée d’un pendu qu’il faut lui avoir achetée avant la mort : on la plonge, en ayant soin de la tenir fermée, dans un vase de cuivre contenant du zinc et du salpêtre, avec de la graisse de