Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

177
l’amiral du brouillard.

L’Angleterre était alors gouvernée par une reine du nom de la reine Anne. Elle avait une cour magnifique, et des palais comme Julien sait en construire, lorsqu’assis sur le gaillard d’arrière de la Brunette, il nous raconte les mille et une nuits.

Ceux qui vivaient en ces temps-là n’étaient pas des sots, paraît-il : ils s’habillaient en soie et en velours, mangeaient dans des plats d’or, et buvaient du meilleur.

Néanmoins l’époque avait son petit défaut, assurait l’arrière grand’père de Jean ; ceux qui déplaisaient à la reine avaient le cou coupé.

Or, un soir, il y avait fête dans un de ces beaux palais royaux. On dansait, on riait, on jouait gros jeu, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes ; car la reine Anne avait ri à deux reprises différentes, lorsque tout-à-coup les figures se rembrunirent.

L’amiral Walker causait dans l’embrasure d’une fenêtre avec la jeune miss Routh et, comme ces amours étaient vus d’un mauvais œil par la reine qui daignait destiner la jeune fille à l’un de ses favoris, en les apercevant en doux tête-à-tête, elle avait froncé le sourcil, ce qui fit frémir toute la salle.

Néanmoins, comme l’orchestre allait son train, et que la reine s’était mise à danser un menuet, chacun vit bien que l’orage n’éclaterait que plus