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l’amiral du brouillard.

— Il est temps maintenant d’enrouler ces branches de laurier et de verveine autour de nos chapeaux : sais-tu où se trouvent les talismans ?

— Ils sont dans mon mouchoir : les voici.

— Les as-tu bien préparés, Louison ?

— D’après les recettes de l’art ; rien de plus. Tu sais ce qu’Albert recommande : — « Prenez une plaque d’étain fin bien purifié aux jours et heures de Jupiter, formez-y d’un côté la figure de la Fortune et de l’autre ces paroles en gros caractères : »

« AMOUZIN ALBOMATATOS. »

Tu vois, maître Jacques, que rien n’a été oublié.

— Oui, oui, Louison, et je ne sais vraiment à qui sera la faute si l’on ne réussit pas.

Ils attachèrent les talismans à leurs chapeaux cirés, et le bruit monotone du fer frappant la terre recommença.

Le remblai montait toujours autour de ces deux hommes, lorsque tout-à-coup Louis poussa un cri d’horreur.

— Regarde, Jacques ! j’ai une tête de mort sous le pied !

Jacques abattait son pic au moment où Louis faisait sa lugubre trouvaille ; un second crâne alla rouler auprès du premier.

— N’aie pas peur, Louison ! j’ai prévu le cas, et ce qui brûle là dans nos lanternes ce sont deux cierges bénits. Cardan ne dit-il pas : — « Quand on a des