— Mademoiselle Marie, Cyprien Roussi vient de se confesser, et il doit communier demain, répondit-il lentement.
Marie se tut : une larme erra dans son œil noir ; puis, faisant effort pour rendre la conversation plus gaie, elle reprit :
— Bien, Cyprien, très-bien ! après avoir été le scandale, vous serez l’expiation ; tout cela est raisonnable ; mais je ne comprends pas comment monsieur le curé a pu m’imposer à vous comme pénitence.
— Oh ! Marie, c’est à votre tour maintenant de railler ! mais écoutez-moi : il vous est si facile d’être bonne que je serai bon. Tenez, si vous dites oui, et si vous voulez être madame Roussi, eh ! bien, je ne suis pas riche, mais je vous ferai un beau cadeau de noce.
— Et ce cadeau de noce, que sera-t-il ?
— Je vous jure que de ma vie jamais goutte de liqueur forte n’effleurera mes lèvres.
Marie resta silencieuse un instant ; puis étendant sa main vers Cyprien :
— Puisque vous dites la vérité, je serai franche avec vous : je vous aime, Cyprien.
Et voilà comment il se fit que deux mois après avoir communié, le petit Cyprien, toujours au grand ébahissement du village, était marié à Marie la couturière.