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LE MAHA-BHARATA.

privés de Dévavrata, sont harcelés par la mort et leur esprit est saisi d’une immense épouvante, comme des chèvres et des brebis dans une forêt pleine de bêtes ravissantes. 23 — 24.

Quand le plus vertueux des Bharatides eut succombé, l’armée de Kourou fut comme un ciel, d’où les étoiles ont disparu, comme une atmosphère sans un souffle de vent, comme la terre, quand les grains lui manquent, comme la parole sans ornement elle-même, comme l’armée des Asouras, quand jadis son roi Bali eut été vaincu ; 25 — 26.

Telle qu’une vierge à la jolie taille, indigente de parures ; telle qu’une biche, veuve du chef de son troupeau, environnée par des loups dans une forêt. 27.

Quand le fils de la Djahnavî eut succombé, l’armée Bharatienne, ô le plus grand des Bharatides, fut comme la vaste caverne d’une montagne, dont le lion a péri sous les morsures des çarabhas. 28.

En butte aux coups acharnés des vigoureux héros de Pandou, elle était comme un vaisseau, brisé dans la grande mer, englouti par tous les vents de l’horizon. 29.

L’armée était alors pleine de chevaux, d’éléphants et de chars, troublés par la terreur, d’hommes tombés, pour le plus grand nombre, dans l’infortune, malheureux et l’âme tremblante. 30.

Dans cette armée, chacun des monarques et des guerriers épouvantés se regardaient comme précipités dans le Pâtâla, depuis qu’ils avaient perdu Dévavrata. 31.

Les Kourouides se souvinrent alors de Karna : en effet, il était semblable à Dévavrata ! La pensée du guerrier, tombé dans le malheur, se tourna vers cet homme, le plus excellent de tous ceux, qui portent les armes, comme sur