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À NOS LECTEURS.
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les adieux, qu’il adresse à Kaâuçalyâ, sa mère ! Quel dévouement fraternel de Lakshmana ! Quel désintéressement idéal que celui de l’honnête Bharata ! Quel saint débat, quelle pieuse contestation entre ces deux bons frères, dont l’un veut rester ce que son père l’a fait, anachorète des bois, et dont l’autre veut lui remettre son vaste empire ; mais, n’ayant pu le vaincre, endosse un vêtement d’hermite, se retire dans un. village et règne aux pieds du trône, sur lequel sont inaugurées les deux chaussures de Râma ! Quelles douces et bienveillantes paroles que celles de Sîlâ, pour rappeler son époux à la mansuétude de l’ascète, quand il voyage armé au sein des forêts ! Quelle chasteté, quelle soumission, quelle fidélité conjugale, mais quelle intrépidité devant le monarque aux dix têtes ! Quel respect de l’opinion publique, quand l’époux impose l’épreuve du feu à l’épouse injustement soupçonnée ! Quel culte plus grand de la vérité ! Pas une vertu, qui ne soit mise en action, jusqu’au dévouement aveugle du vassal à l’égard de son haut suzerain :

« Placé entre la force épouvantable de Râma et l’ordre terrible de mon Seigneur, mon devoir est ici de préférer l’obéissance à la vie même[1].

Mais, dira-t-on, le Râmâyana complet forme neuf

  1. Râmâyana réduit, tome I, p. 294.