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LE MAHA-BHARATA.

pleurs, sa robe d’anachborète mouillée de sang, Draâupadî, affligée de son mois, a soupiré ses mots : 2638.

« En châtiment des outrages, qu’ils m’ont infligés, on verra dans la quatorzième année leurs épouses veuves, ayant vaqué pour le salut de leurs mânes à la cérémonie de l’eau funèbre, pleurant la mort de leurs amis et de leurs parents, la mort de tous leurs fils, la mort de leurs époux, rentrer dans la ville de Hastinapoura, les cheveux sans liens, affligées par l’indisposition du mois et les membres souillés par des ruisseaux de sang ! » 2639-2640.

» Dhaâumya, le sage pourohita, marche devant eux, auguste Bharatide, psalmodiant les hymnes du Sâma-Véda en l’honneur d’Yama, et tenant i la main des graminées darbhas, la pointe tournée au sud-ouest. » 2641.

« Les Gourous chanteront de cette manière les hymnes du Sâma-Véda, quand les rejetons de Kourou seront couchés morts sur le champ de bataille ! » Ainsi parle Dhaâumya et il marche. 2642.

« Ah ! ah ! nos défenseurs, qui s’en vont ! Voyez quel spectacle ! Honte aux actions des vieillards de Kourou, pareilles, hélas ! à celles des enfants, eux, que l’avarice pousse à chasser de leurs états les héritiers de Pândou ! Et nous, séparés des fils de Pândou, nous voilà tous sans protecteurs ! 2643-2644.

» Quelle satisfaction pouvons-nous espérer de ces Kourouides avares et mal élevés ? » Ainsi, mainte et mainte fois ont crié les citadins, frappés de la plus vive douleur. 2645.

» Tout en racontant de cette manière, avec l’expression des attitudes, la résolution arrêtée dans leur âme, les sages fils de Kountî se dirigeaient vers la grande forêt.