Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 3.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LE MAHA-BHARATA.

À ces mots : « Qu’il en soit ainsi ! » répondit le Pândouide Youddhishthira au courage infaillible ; et, quand il eut présenté ses hommages à Bhîshma et à Drona, il se mit en route. 2583.

Krishna, au moment qu’il partit, s’approcha de la noble Prithâ et, tourmentée d’une cruelle douleur, salua Kountî et les autres femmes, qui étaient là. 2584.

Quand elle eut, suivant les convenances, mis ses baisers sur leurs bouches, elle désira partir : aussitôt un bien grand bruit s’éleva dans le gynœcée des Pândouides.

Consumée d’une vive douleur à la vue de Draâupadî, qui s’éloignait, Kountî prononça ces mots avec peine d’une voix émue par le chagrin : 2586-2586.

» Ma fille, la grande infortune, où tu es tombée, ne doit pas te causer de chagrin. Tu connais les devoirs des femmes, comme une dame attachée à la pratique des vertus, 2687.

» Il ne me sied pas, femme au candide sourire, de te présenter des conseils à l’égard de tes époux. Tu es vertueuse, tu es douée richement de qualités, tu es l’ornement de tes deux familles. 2588.

» Heureux ces princes de Kourou, que tu n’as pas voulu consumer, irréprochable dame ! Accomplis sans accident ton voyage, escortée de mes pensées. 2589.

» Jamais, noble dame, l’intérêt n’engendre le dégoût au sein des femmes de bien. Défendue par la vertu de ton époux, tu obtiendras bientôt la félicité. 2590.

» Il faut tenir tes yeux fixés continuellement sur Sahadéva, mon fils, dans son exil au milieu des forêts afin que le malheur, où il est tombé, ne jette pas dans le désespoir ce jeune prince à la grande intelligence. » 2591.