« Si toutes ces créatures ne remplissaient pas leur destinée, elles périraient sur la terre ; et elles ne s’augmenteraient pas, si leur œuvre ne devait pas avoir son fruit.
» De plus, ne voyons-nous pas les hommes exécuter même des actions stériles ? Le monde en effet ne se conduit jamais autrement. 1212-1213.
L’homme soumis dans le monde au Destin, et l’homme, accusé de vol n’ont de volonté ni l’un ni l’autre ; et l’on vante la pensée d’une action ! 1214.
» L’homme en effet, qui honore le Destin, dort en paix sans action dans son lit, et, grandement insensé, il s’affaisse comme une aiguière d’argile crue dans l’eau. 1215.
» Le fort aux cruelles pensées de violence, qui fait des actes d’énergie, ne dure et ne vit pas long-temps, comme un faible sans protecteur. 1216.
» Quiconque recueille ici des richesses sans cause, on pense toujours que la source en est le vol ; car nul effort de personne ne les a préparées. 1217.
» Et même à toute chose bien déterminée, où l’homme arrive par diverse fortune, on assure toujours, fils de Prithâ, que c’est par le Destin ! 1218.
» Quel que soit le fruit, que l’homme obtienne évidemment par son action même, il est rapporté dans le monde à l’énergie de la fortune. 1219.
» Celui, qui, parti de sa nature, arrive sans cause à la richesse, sache, 6 le plus vertueux des hommes, que le succès est regardé comme essentiel à sa nature elle-même. 1220.
» Ainsi, les œuvres, que l’homme exécute, sont le résultat du vol, du Destin et de la nature ; il obtient le fruit de ces œuvres, qui l’ont précédé. 1221.