aux dés, a perdu ton royaume, tes richesses et tes armes, tes frères et moi-même. Comment juste, doux, éloquent, rempli de pudeur, n’ayant que des paroles de vérité, a-t-il pu te naître une pensée, qu’inspirait le vice du jeu ? Mon âme en est toute jetée dans le vertige, et mon esprit en est troublé. 1133-1134-1135-1136.
» Ceux, qui ont ouï dire cette immense douleur et cette grande infortune, où tu fus plongé, racontent à cette occasion même un antique itihasa. 1137.
» Les mondes se tiennent sous la puissance d’Içvara et ne dépendent pas d’eux-mêmes, attendu que le plaisir et la peine, ce qui est agréable ou désagréable aux créatures est fixé par le Destin même » 1138.
» Içana a tout produit, avant que rien ne fut, de sa semence éjaculée : telle une poupée de bois, héros des hommes, faite avec une grande attention. 1139.
» D’un corps ont sorti les corps, sire, et ces créatures, comme dans l’atmosphère, tous les êtres, qui la remplissent. 1140.
» Tout ce qu’il y a de bon ou de mauvais sur la terre, c’est Içvara, qui l’a disposé. Ainsi l’oiseau, qu’une ficelle attache, n’est pas nécessairement son maître. 1141.
» Que l’homme se tienne donc sous la puissance d’Içvara ; il n’est maître, ni des autres, ni de lui-même : il est tel qu’un taureau, lié au travers du nez et qu’on tire avec un fil de perles. 1142.
» Ainsi fait, l’homme, à qui fut donnée cette nature, suit la volonté du créateur : il ne marche pas un instant de lui-même, et ressemble à cet arbre, tombé sur le rivage et entraîné au milieu du fleuve. 1143.
» Cet homme, sans connaissance et qui n’est pas son