» Maintenant que Hari, le meurtrier de Madhou, est venu déposer entre mes mains cette charge, je ne puis endurer le sacrifice du lion des Bharatides. 740.
» J’ai arrêté le héros Kritavarman au moment qu’il sortait, j’arrêterai de même Çâlva ; tiens bon, fils du cocher.
» Le fils de Bridika a cessé de m* honorer : que dirai-je à ce héros, quand je le reverrai, ayant déserté le combat ? 741-742.
» Que dirai-je à Pourousha aux longs bras, aux yeux de poundarîka, quand il viendra cet inaffrontable, armé de la massue, du tchakra et de la conque ? 743.
» Que dirai-je à Sâtyaki, à Baladéva et à ces autres Andhakas et Vrishnides, que l’émulation met sans cesse en rivalité avec moi ? 744.
» Déserteur de ce combat, emmené par toi, n’ayant plus de volonté, frappé au dos par des flèches, il est impossible que je vive. 745.
» Ramène donc promptement ton char au combat, fils de Dârouka ! il ne faut agir ainsi d’aucune manière, fût-ce dans les malheurs mêmes. 746.
» Ma vie ne sera pas longue, je pense, fils du cocher, emmené tremblant hors du combat, le dos exposé aux flèches, 747.
» Et quand m’as-tu vu en but à la crainte pour me conduire ainsi, désertant la bataille, comme un lâche ! 748.
» Il ne sied pas à ton excellence d’abandonner cette lutte. Tandis que je brûle ardemment de combattre, retourne sur le théâtre de la bataille ! » 749.
» À ces mots, fils de Kountî, le fils du cocher se hâta de répondre en ces termes d’une voix harmonieuse et douce à Pradyouoma, le plus fort des forts : 750.