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LE MAHA-BHARATA.

» J’eusse conduit ici une année pour contraindre à le suivre ses ennemis déguisés sous le nom d’amis, et j’eusse immolé ces joueurs. 609.

» Mais alors, descendant de Kourou, j’étais éloigné chez les Anartas, et mon absence fit tomber vos altesses dans cette infortune causée par le jeu. 610.

» À peine étais-je arrivé à Dwârakâ, éminent Bharatide, que j’appris là d’un Youyoudhâna suivant la vérité, fils de Pândou, quel malheur t’avait frappé. 611.

» À cette nouvelle, Indra des rois, l’âme troublée au plus haut degré, je suis accouru bien vite, amené ici, monarque des hommes, par le désir de te voir. 612.

» Hélas ! nous tous, nous t’avons suivi dans la peine, ô le plus vertueux des Bharatides ; car je te vois plongé dans l’infortune avec mes parents. » 613.

» Pourquoi t’éloignas-tu ? lui répondit Youddhishthira. En quel pays étranger demeuras-tu, Krishna, rejeton de Vrishni ? et que fis-tu dans ton absence ? » 614.

Krishna lui dit alors :

« J’étais allé à Sâaubha, la ville de Çâlva, éminent Bharatide. Écoute ici quelle raison, puissant Kourouide, j’avais pour lui donner la mort. 615.

» J’avais tué le héros Çiçoupâla, fils de Damaghosha ; ce fut un roi à la grande splendeur, aux longs bras, à la grande renommée. 616.

» Dans ton sacrifice du Râdjasoûya, invincible Bharatide, ce prince à l’âme criminelle, tombé sous le pouvoir de la colère, n’avait pu souffrir l’hommage, qui me fut rendu.

» Le vaillant Çâlva, ayant appris que je l’avais tué, vint, pénétré d’une bouillante colère, à Dwârakâ, où je n’étais pas, car je me trouvais ici, Bharatide. 617-618.