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LE MAHA-BHARATA.

tances de son aventure au monarque Youddhishthira. Ensuite des hommes sortis de la cité virent le Rakshasa expiré sur la terre, baigné dans le sang, incapable de percevoir jamais, ni les sons, ni les couleurs. 6303-6304.

À l’aspect du terrible Démon étendu comme la cime renversée d’une montagne, les citadins restèrent là tous, le poil hérissé d’étonnement. 6305.

Revenus dans Ékatchakrâ, ils répandirent cette nouvelle dans la ville. Tous les habitants alors, sire, femmes, vieillards, enfants, sortent par milliers pour fixer leurs yeux sur le Rakshasa mort. À la vue de cet exploit surhumain, ils adressent tous, monarque des hommes, leurs actions de grâces aux Dieux. 6306-6307.

Puis, ils supputent : « À qui donc échéait le tour de porter au Démon sa nourriture ? » et, trouvant que c’était au brahme, ils se rendent tous chez lui et l’interrogent.

À ces questions réitérées, l’éminent brahme, sans écarter le voile des Pândouides, tint ce langage à tous les citadins : 6308-6309.

« Un certain brahme à la grande âme, consommé dans les mantras, me vit pleurer avec ma famille l’ordre, qui m’était échu de fournir son festin au Rakshasa. 6310.

» II commença par m’interroger sur l’infortune, qui désolait cette ville, et, m’ayant rassuré en souriant, cet homme, le plus vertueux des brahmes, dit ces mots ; « Eh bien ! c’est moi, qui porterai son repas au mauvais Esprit : n’aies sur moi aucune crainte ! » 6311-6312.

» S’étant donc chargé des vivres, il s’en est allé au bois de Vaka, et c’est par lui sans doute que fut accompli cet exploit dans l’intérêt du monde. » 6313.

Ensuite tous les brahmes et les kshatryas au comble de