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ADI-PARVA.

Rakshasa au grand corps, à la grande vitesse, rompant la terre, pour ainsi dire, sous ses pieds, les yeux couleur de sang, les dents saillantes, la barbe et les cheveux rouges, horrible à voir, les oreilles en forme de conque, la bouche fendue jusqu’aux oreilles, contractant ses deux sourcils l’un à l’autre unis comme une courbe à trois pointes, mordant ses lèvres, quand il vit Bhîmaséna lui manger son festin, il ouvrit ses yeux avec colère et dit ces mots : 6273-6274-6275.

« Qui est celui-ci, mangeant là sous mes yeux un repas servi pour moi ? l’insensé il veut donc aller dans les demeures d’Yama ! » 6276.

Bhîmaséna entendit ces paroles en ricanant, fils de Bharata, et, n’ayant aucun souci du Rakshasa, il continua, sans tourner la tête, à manger. 6277.

L’anthropophage de pousser un épouvantable cri, et, levant ses deux mains, de courir sur Bhîmaséna pour le tuer. 6278.

Cependant l’immolateur des héros ennemis regardait avec dédain ce Rakshasa, et le Pândouide au ventre de loup n’en continuait pas moins à lui manger sa nourriture. 6279.

Tout rempli de courroux, le Démon s’avança par derrière et fit tomber ses deux mains sur le fils de Kountî au ventre de loup. 6280.

Frappé violemment par ce coup du vigoureux Démon, Bhîma ne tourna pas même un regard vers lui et ne suspendit pas son déjeûner. 6281.

Encore plus irrité, le puissant Rakshasa empoigne un arbre et s’élance de nouveau sur Bhîma pour l’en frapper. 6282.