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LE MAHA-BHARATA.

ratide, que les savants appellent un fils poutra.) 6185.

» Tes aïeux espèrent à jamais dans mon sein des fils nés de moi, leur fille : mais je les sauverai eux-mêmes, en sauvant la vie de mon père. 6186.

» Après que tu seras passé dans l’autre monde, il ne s’écoulera pas un bien long temps avant qu’il meure, cet enfant, mon père, il n’y a là aucun doute. 6187.

» Une fois mon père entré dans le Swarga et mon frère puiné mort, le gâteau funèbre ne sera plus offert aux mânes de nos aïeux, et ce sera pour eux une douleur.

» Abandonnée par mon père, et ma mère, et mon frère ayant souffert un sort plus malheureux sans doute que le malheur même, il faudra que je meure, moi, qui n’avais pas mérité ce destin. 6188-6189.

» Mais toi, une fois mis hors de peine, affranchi de ta dette, ma mère, et mon frère encore si jeune, et ta race, elle gâteau funèbre des aïeux, tout, c’est indubitable ! persistera dans l’avenir. 6190.

» Un fils est un second toi-même, une épouse est un ami ; mais une fille n’est rien qu’un embarras : dégage-toi de cet embarras et pousse-moi dans le chemin du devoir. 6191.

» Encore dans l’enfance, malheureuse, sans appui, séparée de toi, mon père, en quelque lieu que j’aille, je serai toujours malheureuse. 6192.

» Ou je sauverai cette famille, et, quand j’aurai accompli cette œuvre difficile, j’en recueillerai la récompense ; 6193.

» Ou tu iras, ô le plus saint des brahmes, chez l’anthropophage, et je serai anéantie : veuille donc fixer tes yeux sur moi. 6194.